Un taon (1) de chien



Tandis que s’abattait une averse orageuse
Le beau taon (1) s’installait sur la croupe aguicheuse
D’un orgueilleux griffon au souffle chevrotant
Qui se donnait du mal à rentrer dans l’étang. (1)
« Vraiment, pensait le chien, cette eau m’est répugnante.
Ses reflets sont douteux, son odeur écoeurante… »
Mais il ne s’étend pas sur ce raisonnement,
Car il ressent alors la blessure du taon. (2)
(Pour qui ne connaît pas l’effet de la morsure,
C’est comme une incision doublée d’une brûlure.)
Le griffon revêt donc ce faciès étonné
De qui n’a, de tout temps, jamais été taonné.
Il ordonne à ses crocs de grattouiller la croupe,
À ses yeux de passer le restant à la loupe,
Le tout en implorant son système nerveux
De se montrer stoïque et même courageux.
« Eh bien, lui dit le taon dans le creux de l’oreille.
Il me plaît à savoir qu’on s’entend à merveille.
Si tes crocs acérés jusque sur tes flancs vont,
Tes pattes ne vont pas au creux du pavillon. »
Aussitôt le griffon pose sa gueule à terre
En tentant d’expulser ce mauvais locataire
Qui, tel un malotru, désire s’incruster,
Bien qu’en la circonstance on ne l’ait invité.
Hélas ! Tout n’y fit rien, et comme insecticide,
Le chien choisit la mare avec son eau putride.
« Attention, dit le taon, si tu veux te laver.
Les sangsues ont ici leur domaine privé. »
Effrayé par ce nom le griffon prend la fuite,
Entraînant de ce fait le diptère à sa suite.
Puis le chien s’arrêtant sous un plan de tabac :
« C’est ici, dit le taon, que la tique s’ébat. »
Le chien ne disposant d’aucun esprit critique,
Le taon lui dit comment échapper à la tique,
De haltes en arrêts, indique coup sur coup
Les domaines privés de la puce et du pou.
Et pendant les trajets, il suçait quelques gouttes,
Avant que les lésions ne refassent des croûtes.
Le chien rentra chez lui, dépouillé de son sang,
Et trouva comme excuse avoir eu mauvais taon.

(1) C’est pour tuer le taon qu’avec ces locutions
Je change l’orthographe et fais mes citations.

(2) Je dois faire une pause ou bien prendre un temps mort
Pour, à cette occasion, dire que le taon mord.

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