À l’abord d’un rond-point, dans une
termitière,
Un termite soldat croisait une ouvrière.
Dans leur caste sociale, on échangeait parfois
Quelques obscénités ou des propos grivois,
Afin de maintenir une sorte d’ambiance
Dans cette société tournée vers la croissance.
Il glisse à l’ouvrière une paluche au cul,
Et l’autre sous sa gorge, en flattant ses
obus.
« Ah ! La belle ! dit-il. Je
mérite en hommage,
Le repos du guerrier et le droit de
cuissage. »
Cependant, cette blague aujourd’hui tourne
court,
Car en face on n’a pas trop la tête à
l’amour :
« Bas les pattes, soldat ! réagit
l’ouvrière.
Je suis pas camarade avec les
fonctionnaires !
Un tas de fainéants, et poivrots de
surcroît !
Capables seulement d’une gueule de bois. (1)
Je sais différencier les ouvriers de souche
(2)
De votre armée de ploucs qui ne tue que des
mouches ! »
« Voilà bien répété, lui répond le
soldat,
Les récriminations de votre syndicat.
À quoi bon opposer les fonctions des
termites ?
À qui donc penses-tu que le crime
profite ?
Bien plus au pangolin (3) qu’à nous, les
habitants,
Car ce que tu construis, c’est ce que je
défends.
Il nous faut préserver la justice sociale
Sans venir l’entacher d’une action syndicale.
Notre survie dépend de la seule unité.
Nous avons donc devoir de
confraternité. »
« C’est pas une raison pour me palper les
fesses,
Ni de laisser mon buste au soin de tes
caresses. »
Rétorque l’ouvrière, avec au fond des yeux
L’étincelle prouvant que c’est pourtant son
vœu.
Lors qu’il la culbuta, dans une galerie,
On entendit soudain comme une sonnerie.
« L’alerte au pangolin ! s’exclame
le soldat,
Le slip sur les genoux, pour pas dire plus
bas.
Devoir ou lâcheté, voilà l’alternative ;
La jouer personnelle ou alors
collective ?
Faire chair à canon face à l’âme ennemie
Ou alors satisfaire naturelles envies ?
Est-il un déserteur ou un infortuné
Qui part en guerre avec une envie de
pisser ?
Pourquoi doit-on blâmer de manque de courage
Ou traiter de péteux celui qui se
soulage ?
La guerre ou bien l’amour, c’est l’éternel
combat ;
Je ne suis que moi-même avant d’être
soldat. »
« Alors activez-vous, minaude l’ouvrière
C’est aussi pour le bien de notre termitière.
On peut dire une chose et faire le contraire.
Tout dépend l’intérêt que l’on porte à
l’affaire.
(1) Le nid de ce termite est fait de ce
bois-là
Qui lui reste parfois au creux de l’estomac.
(2) Le nid de ce termite est
généalogique :
La souche de son arbre est sa base historique.
(3) Parmi les animaux qui sont leurs
prédateurs,
C’est bien le pangolin dont ils ont le plus
peur.
Commentaires
Enregistrer un commentaire