Le raton farceur



Chez le raton laveur on a comme devise :
Propreté pour le drap, la culotte et chemise.
Cette réputation ne souffrait pas d’écart
Jusqu’au jour où nounours ramena son slibard.
Il était mécontent au regard de la note
Pour les traces de pneu de ses fonds de culotte,
Et priait le raton d’un travail fignolé
Pour rendre à sa culotte un teint immaculé.
« N’as-tu jamais songé qu’il faut que tu t’achètes
Un peu de ce papier qu’on appelle toilettes ?
Cela peut te servir à torcher ton croupion,
Car les traces de merde imprègnent le coton. »
Dit le raton laveur avec un ton caustique
Vers l’ours ayant horreur que quelqu’un le critique :
« Si tu fais ton profit sur la malpropreté
Ne cherche pas de cause à sa réalité.
Fais-moi donc le plaisir de te mettre à la tâche
Sans chercher à savoir d’où provient cette tache. »
« Mon souhait, rajoute-t-il, est de ne plus la voir.
Alors débrouille-toi, car je reviens ce soir. »
Sur quoi, l’ours s’en alla, marmonnant sa furie
Sur ces propres à rien de la blanchisserie,
Mais avec l’impression d’avoir exagéré
Pour demander si vite un slip si coloré.
Il revient cependant comme dit, le soir même,
Pour voir si le laveur a réglé son problème.
« C’est fait ! » dit le raton, qui paraît enjoué,
Et lui tend sa culotte avec le fond troué.
« Voici ton caleçon sans aucun maculage.
Plus besoin de papier ni de frais de lavage.
Admire la découpe au lieu du fondement,
Et sache que le tout est fait gracieusement ! »
L’autre n’apprécia pas la tournure des choses,
Et se dit qu’il devait l’envoyer sur les roses.
Il lui prit la culotte et lui dit au revoir,
Avant de lui coller deux yeux au beurre noir. (1)


Ceux qui sont désireux de vivre d’expédients
Ne devraient pas s’en prendre au désir des clients.

(1) Particularité chez les ratons laveurs
Dont les yeux sont cernés par deux belles noirceurs.

Commentaires