Le nandou sauf sa graisse



Dans une des pampas du fond de l’Amérique
Vit un oiseau visé par la pharmaceutique ;
Ce genre d’industrie où l’or est le seul veau
Se moque éperdument de la vie d’un oiseau.
Elle en veut à son lard d’une façon notoire
Pour faire une pommade anti-inflammatoire.
Or, il advint un jour, chez cet oiseau chassé,
Que le vent de révolte osa montrer son nez.
Il advint par le fait d’un solide opiniâtre
Qui n’avait pas de crainte à l’idée de combattre.
Mais un autre nandou rétorque qu’il vaut mieux
Une diète fondant le surplus adipeux.
On peut donc affiner sa forme disgracieuse
Tout en se prévenant d’une fin malheureuse.
Dans le clan des nandous, l’idée fait son chemin,
Et l’on est bien tenté de jouer au plus fin,
Mais on sait qu’il n’y a qu’une seule combine
Pour pouvoir accéder à cette médecine ;
C’est chez leurs prédateurs, sbires des pharmaciens,
Qu’on aura les conseils de leurs diététiciens,
Et chacun comprend bien qu’il faut un volontaire
Pour trouver les chasseurs et traiter cette affaire.
Et voilà trois oiseaux qui nous font un barouf
Pour soumettre le choix au tirage à plouf plouf.
Un autre proclamant que ce qui le dérange,
C’est qu’on n’a pas parlé de la monnaie d’échange :
« A ce régime-là, quand on veut marchander
C’est comme la pommade : on se fait entuber. »
Un dernier qui glapit : « J’ai trouvé plus facile !
Pour perdre notre graisse, autant qu’on se mutile. » (1)
Dans le clan des nandous, l’idée fait son chemin,
Et l’on croit bien enfin tenir le fin du fin,
Mais l’on se dit aussi qu’il faut un volontaire
Pour juger si l’option est vraiment salutaire.
Et voilà trois nandous qui nous font un barouf
Pour encore exiger que l’on tire à plouf plouf ;
Un autre proclamant que ce qui l’enquiquine
C’est qu’on ne sait pas où stocker la gélatine.
Un dernier s’exclamant : « Attention ! Un chasseur ! »
Et chacun de s’enfuir sur sa seule valeur.


Devant des pharmaciens ne pensant qu’à l’espèce,
Plutôt que réfléchir, il faut sauver sa graisse.

(1) Ici vous n’aurez pas affaire à un ingrat ;
On appelle cela tailler le bout de gras.

Commentaires