Le margay en question



En jungle brésilienne on dit que le margay
A du tigre et du chat la moitié du portrait.
Alors peut-on parler de caractéristiques
Lorsqu’on a comme lui deux parrains génétiques ?
Imaginons le cas où se présente un chien
Devant ce tigre-chat à l’accent brésilien.
Verra-t-il le margay sous sa forme tigresse
Ou sous celle d’un chat de la dernière espèce ?
Notez bien qu’au Brésil, étant près de Rio,
Il peut aussi juger que c’est un travelo :
Un tiers de vérité plus un quart de salades
Moins deux tiers de réel et demi galéjade ;
Un être profitant de son ambiguïté
Pour le laisser surpris, le temps de détaler.
Cependant, le margay n’est pas mis en déroute,
Et fait face à ce chien qui nage dans le doute.
« Vous me prenez pour qui ? » dit dans un miaulement
Ce qui peut être un tigre à l’accent chatoyant.
Le chien se dit alors, devant cette assurance,
Qu’il ne peut de ce tigre attendre l’indulgence,
Qu’il n’y a pas de honte à déguerpir des lieux
Quand on a devant soi un ennemi sérieux,
Et que cette occasion de retrait stratégique
Lui permet de varier son circuit d’Amérique.
Mais il se dit aussi qu’à bien y réfléchir
Ce chat peut être un chat qui ne fait que mentir.
Et qu’il a beau du tigre avoir la ressemblance
Il saura bien comment trouver la différence.
Le chien se dit alors qu’il attendra la nuit
Car c’est à ce moment que tous les chats sont gris,
Et que pendant ce temps on causera de fesses,
Car le tigre est jaloux au niveau des gonzesses.
Il se pouvait pourtant, à son grand désespoir,
Qu’il fut jaloux le jour et qu’il fut gris le soir.
Il existait des chats craignant le cocufiage,
Et des tigres de nuit se grisant de cépages.
Il se dit tant et tant qu’il en devint vaseux
Avec cet air hagard d’un imbécile heureux ;
Il se dit tant de oui de non et de peut-être
Qu’il ne vit même pas le margay disparaître.
Puis il se dit enfin qu’il s’en disait bien trop,
Et que pendant ce temps on dansait à Rio.


Quand on veut expliquer le pourquoi du comment
On réduit quelquefois sa réponse à néant.

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