C’est grâce à la télé qu’un troupeau de
moutons
Sut le loup menacé d’être en voie
d’extinction.
« Il faut nous regrouper, créer une
milice,
Pour protéger le loup de tous ces préjudices.
Une race par-ci, une race par-là.
Nulle race sur Terre bientôt ne
restera ! »
S’exclame un vieux bélier, leader écologiste,
Provoquant des hourras auxquels nul ne
résiste.
« Faisons dès à présent la grève de la
faim !
Bêlons pour protester contre ce mal destin.
Nous allons défiler et former un cortège
Avec aux banderoles « Que le loup on
protège ! » »
Ainsi dit, ainsi fait, la manifestation
S’ébroue à petits pas, prenant la direction
Du mas d’un vieux berger qui en a beaucoup vu,
Mais qui reste baba face au tohu-bohu.
Parmi ces meuglements, le berger ne retient
Que l’important mot d’ordre, c’est grève de la
faim.
Il calcule et il compte, soupesant le problème
Des pertes de ses gains, si tous entrent en
Carême.
Se dit que par le loup, vaut mieux perdre
trois têtes,
Que de les perdre toutes, si elles se mettent
en diète.
Sur les pensées de l’homme, un bon gros loup
arrive ;
Il a la bave aux lèvres qui lui vient des
gencives,
Surtout que les moutons ne veulent pas
s’enfuir,
Et que leurs ovations semblent lui revenir.
Et l’homme à l’ordinaire qui lui sort le fusil,
Paraît le recevoir presque comme un ami.
Cet accueil lui permet de tous les
égorger ;
Seules les banderoles resteront sur le pré.
Celles-là qui disaient, si l’on se souvient
bien :
« Que le loup on protège » et « Grève
de la faim ».
Rien ne sert de hurler jusqu’extinction de
voix
Pour la voie d’extinction d’un plus cruel que
soi.
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