Les doutes du colibri




Le plus petit oiseau que l’on trouve sur Terre
S’appelle colibri, mais son poids lui confère
Le titre d’oiseau-mouche, au vu d’un gabarit
Si fragile et fluet qu’on en reste ahuri.
L’un d’eux qui récoltait le nectar en corolle
Revenait en chantant de sa chasse horticole
Lorsqu’il vit apparaître un busard tournoyant
Qui devait le guetter depuis un bon moment.
Pourquoi ce prédateur qui lui devait la chasse
N’avait-il pas déjà fondu sur sa carcasse ?
« Peut-être, se dit-il, a-t-il fait son dîner.
Ou m’attend-il demain au petit déjeuner. »
Pourtant, le lendemain, lorsqu’il lève la tête,
L’oiseau-mouche perçoit ce busard trouble-fête
Qui semble le narguer de ses airs supérieurs
Et se le réserver pour des jours ultérieurs.
Il se trouve pourtant que sous cette menace,
Sa conscience surgit sous les traits du rapace
Qui plane sur sa tête, ainsi qu’un Saint-Esprit,
Jugeant gestes et faits d’un simple colibri :
« De quel péché le Ciel me trouve-t-il coupable
Pour m’envoyer un ange ayant tout l’air d’un diable ? »
Se demande l’oiseau, créant un tribunal
Où son âme, du bien, soupèsera le mal,
Et par faute de qui sa conduite future
Sera privée d’instinct qu’il avait de nature.
Et chaque jour passant, il visitait les fleurs,
Ne sachant plus choisir au milieu des couleurs,
Car même si le rouge avait sa préférence,
Il se l’interdisait pour faire pénitence.
« Désormais, pour agir, il faut me demander
Si mes actes et mes faits ont tous un bien-fondé.
Je comprends qu’au chasseur la question soit soumise,
Mais que fais-je de mal, puisque je pollinise ?
Dis-toi que ce busard, s’il te voulait vraiment,
T’aurait déjà mangé depuis un bon moment.
Cette idée me conforte et me met bien à l’aise ;
La conscience est utile à ceux qui l’ont mauvaise. »


On rencontre parfois un oiseau de malheur
Qui vient nous rappeler de craindre le Seigneur.

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