E.T joue les colons



C’est un extraterrestre qui, tombant du cosmos,
Rétame sa soucoupe sur un rhinocéros.
Sur sa corne, dois-je dire, pour être plus précis,
Alors que le rhino était presque assoupi.
Le petit homme vert, touriste de l’espace,
Apprend sitôt à faire la soupe à la grimace.
Il ouvre sa verrière et secoue ses antennes,
Il crie et vocifère, de peur plus que de peine,
Et s’en prend au rhino comme étant le fautif
De cet atterrissage bien trop estimatif.
« Ma soucoupe est trouée ! » fait-il la découverte,
En s’arrachant les poils de chevelure verte.
Est-ce donc des manières, ici sur ta planète,
De recevoir les gens, qui plus est des moins bêtes ?
Le rhino dont j’ai dit qu’il était assoupi
Bâille de tout son cœur et renverse l’E.T,
Ce qui le précipite dans les boues d'une mare
Dont il ressort encor un peu plus en pétard :
« Rajtrick ! (1) Mais ma parole tu l’auras fait exprès !
Est-ce ainsi par ici qu’on traite un étranger ?
Je crois que mon vaisseau est encore réparable.
Saurais-tu le sortir de ta corne implacable ? »
Et le rhinocéros, empreint de bonhomie,
Appelle à la rescousse deux trois de ses amis
Qui tentent de leurs cornes extirper cet engin,
Venu depuis l’espace d’on ne sait quels confins.
Ces belles tentatives demeurant toutes vaines
Il demande aux rhinos qu’ils ménagent leur peine.
« Je crois que ça suffit, leur dit l’extraterrestre.
On n’aura pas fini avant la Saint-Sylvestre.
L’industrie vous est-elle une science inconnue ?
Êtes-vous primitifs à n’avoir pas de grue ? »
On appelle la grue, mais l’oiseau n’y peut, mais
Malgré tous ses efforts et bonne volonté.
« Chez moi, je n’aurais pas ce genre de problème.
La science est parvenue à un degré suprême.
Déveine de tomber parmi des arriérés,
Et ne trouver quelqu’un qui pourrait bien m’aider ! »
Et pendant ce temps-là, les animaux du coin
Se sont tous rassemblés pour voir ce bon pékin
Qui peste contre eux tous, lui, qui malgré sa science,
N’a su de son vaisseau faire la délivrance.
Alors, ils viennent tous conjuguer leurs efforts.
On voit venir le singe, le lion, et le castor
Tirer à hue à dia sur le vaisseau spatial
Jusqu’à le détrôner de la corne animale ;
Prouvant à l’étranger que les vertus humaines
Font mieux que sa technique, ou la supposée sienne.
« Enfin ! » s’écrie l’E.T, au lieu de dire merci,
Pensant que sa sapience lui permet cet oubli.
« Malgré votre retard, est ce que vous n’auriez pas
Pour me boucher le trou, un bout de sparadrap ? »


Il faut se rappeler, lorsqu’on part en visite,
De toute notre histoire et de qui l’on hérite.
C’est fâcheux d’oublier qu’on est dépositaire
D’inventions d’un passé bien plus que millénaire.
N’est-il point odieux de pouvoir s’en vanter
Quand on est incapable d’en faire la moitié ?
Qui saurait de nos jours faire feu d’un silex ?
Peut-être la question vous laissera perplexe.

(1) C’est un juron commun partout dans l’univers
Dont la traduction se passe de commentaires.

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