Une hyène du bush, ayant l’esprit critique,
Déployait ses talents dans le gastronomique.
Par ce métier de bush, elle était donc
goûteuse,
Et sa langue de fiel devint à tous précieuse. (1)
Les hyènes la nommèrent reine des intestins,
Mais, pernicieusement, elle en profita bien,
Car en donnant aux autres un avis négatif,
Elle revint chaque soir se farcir les rosbifs.
Mais un jour, se rendant vers le chevet d’un
zèbre,
La hyène d’un vautour voit la danse funèbre.
Elle arrive au cadavre bien après le rapace,
Mais de ses puissants crocs elle rugit et
menace :
« Ah vaurien de vautour ! Ne touche
pas la chair.
Les charognards attendent mes premiers
commentaires. »
« Tes premiers commentaires ?
s’amuse alors l’oiseau.
Pour les avoir goûtés, je connais ces boyaux.
Mais je suis fort curieux de ce que tu en
penses.
Vas-y. Régale-toi. J’attends tes
confidences. »
La hyène enfouit ses crocs au milieu des
entrailles
Du cadavre avarié qui pue fort la tripaille,
Se lèche les babines de chairs sanguinolentes,
Et juge qu’elles ne sont pas très
appétissantes :
« Ce zèbre est bien trop vieux, et sa
viande a tourné ! »
Déclare t-elle enfin à l’oiseau médusé.
« Eh bien, lui répond-il, puisque c’est
ainsi,
Je ne vois pas pourquoi tu resterais
ici. »
« Peut-être que les mouches, en déposant
leurs œufs,
Donneront à la viande un goût plus
savoureux. »
Dit l’autre en se couchant à l’ombre d’un
arbuste,
Tout en priant le ciel que l’oiseau ne
s‘incruste.
« J’attendrais que les vers fassent une
apparition.
J’aime les asticots à leur
extrême-onction. »
Décrète le vautour qui ne veut pas lâcher
Cette proie de valeur à ce fourbe gourmet.
« Cela prendra du temps, fait remarquer
la hyène.
Donne-moi ton adresse pour que je te
prévienne. »
« Ta langue n’est que bile, et tes propos
acides
Me font penser que toi, tu as l'hyène
fétide ! »
Rétorque le rapace, sentant bouillir en lui
Des envies d’homicide ou même de tuerie.
Or cette volonté, que l’on dira dernière,
Le sort s’en occupa de façon cavalière :
La hyène décéda d’une crise cardiaque.
Après avoir passé leur vie dans les arnaques,
Les êtres trop aigris qui n’ont pas de
scrupules
De critiquer sans cesse pour dire que tout est
nul,
Doivent bien attirer quelques foudres du ciel
Qui rendent la justice presque providentielle.
(1) On peut dire que la hyène décernait des
étoiles
Au guide Michelin des meilleurs os à moelle.
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