Épuisé par l’effort de son vagabondage,
Un oursin décida de s’aller à la plage,
Espérant pour le moins passer inaperçu,
Pour le mieux qu’aucun pied ne lui marche dessus.
Mais le destin s’entend pour juste satisfaire
La seule part d’espoir qui veut bien lui complaire.
C’est ainsi que l’oursin entama son parcours,
Ses piques caressant le sable de velours
Sur lequel se tenaient un hôte et ses défenses
N’ayant avec la mer aucune concordance.
« Quel est donc ce cousin ? » s’étonnent-ils
tous deux,
Au vu de ce sujet qu’ils jugent épineux.
Le hérisson croit voir un petit porc épique
Longeant le bord des flots pour faire un pique-nique,
Et l’oursin s’imagine un confrère géant,
Un pique-assiette armé d’innombrables piquants.
Pour être plus profond, ce qui les émoustille
C’est d’avoir découvert une belle-famille.
Cette curiosité vient les piquer au vif
Dans tout ce que leur cœur a de plus affectif.
Nul besoin pour chacun de se mettre la tringle,
Pour connaître celui tiré à quatre épingles.
« Ô boule de
piquants ! s’exclame alors l’oursin.
Venez-vous de la terre ou du monde marin ?
Ces épines vous sont si touffues et si denses
Qu’on ne peut se targuer de la même ascendance. »
« C’est un fait, mon ami, lui dit le hérisson,
Nous sommes différents, mais nous nous ressemblons.
Serions-nous ennemis, que pourrions-nous bien faire
Qui puisse nous gêner ou même nous déplaire ?
Nous sommes donc alliés, nés d’un différent trou :
Dans la terre pour moi et dans l’onde pour vous. »
« Qui s’y frotte s’y pique, (1) excusez la formule,
Mais il faut convenir que nos forces
s’annulent ! »
« Puisqu’amis nous voilà, reprend le hérisson,
Passez à votre gré nous voir à la maison.
Cela vous permettra d’apprécier ma culture,
Et vous faire connaître à ma progéniture. »
« Venez plutôt chez moi pour visiter mes pairs ;
Les oursins aiment mieux un bol d’eau qu’un bol
d’air. »
« Alors, nous découvrons la ligne de partage
Entre la terre et l’eau ; c'est-à-dire la plage.
Allons donc rassembler les vôtres et les miens,
Afin de rameuter en ce lieu mitoyen
Ces piquants acérés qui nous couvrent le derme,
Et qui nous donnent l’heur de rester en bons termes. »
Ainsi cette rencontre au bord du littoral
Fut l’inauguration d’un nouveau festival
Où tous les hérissons, les oursins s’agglutinent
Afin de s’affronter dans le concours l’épine.
Chacun s’en réjouit, car chaque mois passant,
En tonton mayonnaise on change de gagnant.
Puis chacun se sépare et regagne son monde :
Les hérissons à terre, et les oursins dans l’onde.
Lorsqu’aucune raison ne pousse à vous haïr,
Il ne vous reste plus qu’à vous en divertir.
(1) C’est une locution, empruntée puis reprise,
Que le roi Louis XI avait comme devise.
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