Le scarabée touriste



Ayant battu campagne hors des sentiers battus,
Et déniché un bord de mer inattendu,
Un brave scarabée, jouant les doryphores,
Ne savait s’il devait que d’écouter encore
Le message charmeur de cette exquise plage
Dont chaque détritus ne causait que dommages.
Il était à deux doigts de rompre avec ce lieu,
Lorsqu’une étrille vint retarder cet adieu.
Car il vint à l’esprit du brave scarabée
Que ces paroissiens-là sauraient tout nettoyer.
« Dis ! l’apostropha-t-il, peux-tu de tes tenailles
Retirer ces déchets qui sèment la pagaille ? »
« Bonjour ! lui dit l’étrille, alors il te suffit
De me croire éboueur pour n’être pas poli ?
Sache que ces déchets ne sont pas de mon fait.
Tu viens de le prouver, personne n’est parfait ! »
« Pardon, lui dit l’insecte. Accepte mes excuses.
Cette fange me trouble, elle me désabuse.
Ce rivage serait un havre de délices
S’il n’était profané par ce tas d’immondices.
Et j’offre de verser une contribution
Envers qui ôterait cette profanation. »
Le crabe et ses amis se mirent à l’ouvrage,
En faisant sur l’arène un parfait ratissage,
Puis vinrent présenter la note au scarabée
Qui se dit qu’il aurait mieux fait de la fermer.
« Enfin ! déclara-t-il au vu du résultat,
On donne au paradis un nouvel habitat. »
Cette petite histoire aurait été trop belle
Si, dès le lendemain, tout autant de poubelles
Jonchaient ce paradis trop vitement nommé,
Car au galop revint l’enfer qui fut chassé.
« C’est faute à la marée ! » expliquèrent les crabes,
Qui, croyant l’étranger plus riche qu’un nabab,
Avaient fait dans la nuit le déménagement
Dans le sens opposé du premier chargement.
L’insecte ne les crut et fut fort dépité
D’être seul con vaincu de sa piteuse idée.


Explorer un pays sans connaître ses âmes
Ne donnera jamais accès à son sésame.

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