Au titre soi-disant de la sécurité,
Un mâtin défendait sa cité interdite,
De manière assidue et façon explicite,
Afin que nul passant, animal ou humain,
Ne songe seulement à mater son jardin.
Il suivait en cela les ordres de son maître
Il suivait en cela les ordres de son maître
Lui ayant alloué ce petit périmètre.
Le cador se forgea son brin de caractère
Fondé sur l’ignorance, unie à la colère.
Il aboyait à tout : aux gens, aux véhicules,
À la pluie ou au vent, sans peur du ridicule. (1)
Son maître l’élevait selon sa politique, (2)
Où il était question de pureté ethnique.
De cette pureté qu’il se dotait lui-même,
Comme qui s’aime seul, et qui personne n’aime. (3)
Il possédait ce chien comme s’il fut meurtri
De n’être autorisé à avoir de fusil. (4)
On eût dit qu’entre eux deux un concours de bêtise
Obligeait leur instinct à n’agir qu’à sa guise.
De cet instinct primaire, et presque minimal,
Dont l’homme disputait le titre à l’animal,
Et dont il fallait bien reconnaître en ce cas
Qu’il en sortait vainqueur avec maestria. (5)
Or il advint un jour que par inadvertance,
Le dogue s’échappa de ce lieu d’ignorance.
Il découvrit alors, chose qu’il ne put croire,
Que la vie dépassait son petit territoire.
Et, chose surprenante, il découvrit aussi
Qu’il pouvait en tous lieux se faire des amis.
Il suffisait pour ça de ne pas aboyer,
Mais, juste a contrario, de vouloir discuter.
Ces cent mètres carrés du jardin d’autrefois,
Il avertit chacun qu’il en soit aux abois.
Il retourna pourtant un jour les visiter,
Pour voir un autre chien qui l’avait remplacé.
À ce chien, il tenta d’expliquer ses erreurs,
Mais l’autre le reçut de sa méchante humeur.
Ne persuadez pas un sot d’intolérance.
Lui seul le comprendra, avec un peu de chance.
(1) Ne dit-on point d’un sot que c’est un limité ?
Étroitesse de vie, étroitesse d’idées.
(2) De Molière est le mot, dans l’école des femmes,
Où les douer d’esprit représentait un drame.
(3) Controuver l’ennemi au milieu de ses frères,
Tout ça pour s’inventer un brin de caractère !
(4) Elle n’a disparu cette âme de guerrier
Qui n’a que le plaisir de n’être pas sorcier.
(5) La fureur de son chien lui servait de miroir
Comme qui veut minceur et ne sait qu’en vouloir. (6)
(6) Ce qui donne à penser que la férocité
Pourrait avoir à voir à la grossièreté.
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