Hybride entre girafe, entre zèbre et entre
âne,
L’okapi se promène, affichant un air crâne,
Comme si le danger qui le guette alentour
N’est, dans son jugement, pas à l’ordre du
jour.
Il vit en solitaire, il n’a peur ni ne tremble,
Il se lèche l’oreille, et d’allure va l’amble,
Et quand sur le chemin il découvre un képi,
Voilà ce qui se passe avec un okapi :
Ce chapeau qu’il déniche au fond d’une
clairière
Est du genre haut-de-forme avec une
visière ;
Or le fier ruminant le toise avec dédain,
Résolu dans l’esprit de passer son chemin.
Mais voilà que soudain l’okapi se ravise
Et regarde la coiffe avec la convoitise
De pouvoir l’enfiler, se rendre original,
Pour enfin s’élever au dessus du banal.
Il sait parfaitement que s’il vit solitaire
C’est qu’il n’a vraiment rien de
révolutionnaire.
« Mais voilà l’occasion, se dit-il en
rêvant,
De devenir enfin quelqu’un d’intéressant.
Le port de ce képi me flattera l’allure ;
J’en tirerai vers moi toute la couverture
Afin de me hisser dans cette société
Qui ne s’adresse à moi qu’avec frilosité.
Je vais enfin pouvoir rentrer dans leur vestiaire
(1)
Et désormais devoir briller dans la lumière.
Ce sera ma revanche envers ces orgueilleux
Qui, je le sais, bientôt deviendront
obséquieux ;
Jaloux de l’attribut qui me différencie
Et qui dénote d’eux leur peu de fantaisie.
Ah ! Ah ! ricane-t-il dans sa
méditation,
En se léchant l’oreille avec délectation,
Cet ancien okapi qui devait les distraire
Avec son haut képi saura les faire taire ! »
Mais alors qu’il s’en va s’emparer du chapeau,
Un babouin le devance et s’enfuit aussitôt.
Chacun peut se donner un temps de réflexion.
Mais qu’il n’empiète pas sur le temps de
l’action.
(1) Ou bien alors bestiaire, à vous de statuer
Lequel de ces deux mots est plus approprié.
Commentaires
Enregistrer un commentaire