Il se tient droit debout, ce petit écureuil
Qui, trottant sur le sol, se dresse en un clin
d’œil
Pour guetter du danger la moindre perspective,
Car le bougre est ainsi : de nature
craintive.
Il se nomme xérus, mais on dit plus souvent
Rat palmiste au motif qu’il a pour aliment
Le bourgeon d’un palmier qui s’appelle
palmiste ;
Vous en savez dès lors autant qu’un
spécialiste.
Un de ces petits rats, un xérus sans tutu,
S’en allait un beau jour sur un sentier battu
Afin de découvrir sa conjointe future
Qu’il n’avait jamais vu, même pas en peinture.
C’était, comme on le dit, un mariage arrangé,
Où l’amour n’a ni lieu ni le droit de cité,
Mais il allait bon pas conquérir sa promise
Nantie de cette dot qui lui était promise.
Or, advint sur ce pas, qu’il rencontre un ami
Qui réclame une dette aspirée par l’oubli.
« Je ne veux, répond-il, subir tes
représailles ;
Je règlerai ce compte après mes
épousailles. »
Et de lui raconter un futur étonnant
Où se mêlent l’amour et l’honneur et l’argent.
Mais l’autre qui connaît ce vieux célibataire
N’entend pas ce futur de la même manière,
Car ce mauvais payeur lui parle d’avenir
Alors qu’il n’a cessé de le faire
languir :
« Bravo ! déclare-t-il, mais cette
belle histoire
M’a surtout convaincu par son aléatoire.
Ce que l’on te promet paraît miraculeux,
Mais parler de mariage est peut-être
hasardeux :
Qui sait si ta promise aura le charme
exquis ?
Si elle aura les dons d’une fée du
logis ?
Qui sait si cette dot que l’on te pronostique
N’est pas qu’une chimère, un trésor utopique ?
Et même en supposant que ce soit ton bonheur,
N’en oublierais-tu pas être mon
débiteur ? »
« Eh bien, dit le xérus d’une voix
incertaine,
Je te dirai cela la semaine prochaine… »
Croire à ce que l’on dit ne pose pas problème ;
Mais mentir à quelqu’un c’est mentir à
soi-même.
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