Dis bonjour au bousier

Dis bonjour au bousier, grand amateur de fèces, (1)

Seul animal parmi de nombreuses espèces

À vivre dans la bouse et à s’en délecter,

Or que tout un chacun devrait s’en dégoûter.

Derrière ce bousier qui façonne sa boule,

Se pointe un aigrefin, couvert d’une cagoule,

Qui cherche à lui voler le dîner des enfants,

Et lui tient ces propos pour le moins menaçants :

« Halte là, bon à rien. Lève tes mandibules.

Je n’ai pas de pitié pour les vieilles crapules

Qui savent délester leur plus proche voisin,

Mais accusent plus tard un prétendu cousin. »

À ces mots, le bousier reconnaît le pirate :

Un salaud de la pire engeance scélérate

Qui jette son venin sur tous les escarbots, (2)

Qui prédit à tout crin la fin des haricots,

Et se sert des atouts de cette roublardise

Pour masquer les ampleurs de sa fainéantise.

L’affaire en reste là, mais quelques jours plus tard

L’offensé va pouvoir se venger du bâtard,

En ce sens que l’on doit mettre à qui vous méprise

Le nez dans les étrons de sa propre bêtise.

Il se trouve, en ce jour, que notre fainéant

S’est collé les cuillers sur un gros excrément

Et qu’il reste scotché sur sa boule fécale

En tournant et dessus, et autour de la balle.

Le spectacle est trop beau pour n’être vu d’aucuns ;

Le bousier part chercher les autres et les uns

Qui doivent profiter de cet effet comique

Pour donner au pirate une leçon civique.

Quand la troupe s’assemble, il en est des bossus

Qui rigolent si fort qu’ils se pissent dessus.

Comment ne pas céder à ce plat de vengeance

Que l’on doit manger froid pour parer à l’urgence ?

Car en tous vos besoins, n’écoutez le désir ;

Attendre est la vertu qui double le plaisir.

(1) Qui s’envoie de la merde au fond de l’oesophage,

A scientifiquement le nom de coprophage.

(2) Autre nom du bousier qui est coléoptère
Et scarabée, de plus, sur un autre critère

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