Le bon bonobo






Au centre de l’Afrique, en forêt du Togo,
Vit un drôle de singe qu’on nomme bonobo.
Écoutez donc l’histoire (1) du bonobo Kuni,
Partant à la cueillette de plantes et de fruits :
Il s’enfonce à grands pas dans la forêt sauvage
Droit debout comme l’homme dont il est de lignage.
Mais à la différence de son cousin humain,
Il n’a pour la violence qu’un splendide dédain.
Témoin ce canari qui, par mésaventure,
Reste cloué au sol pour une égratignure,
Et pétrifié de voir le singe qui s’avance
Croit que sa vie, soudain, arrive à échéance.
Or, Kuni s’en empare très délicatement,
Le caresse et le soigne tout en lui souriant,
Puis il fait de sa main une piste d’envol,
Et de son tendre cœur une tour de contrôle.
Ce geste de bonté n’est, comme on va le voir,
Qu’un exemple parmi un brave répertoire.
Car lorsque Kuni rentre, et s’assoit dans son nid, (2)
Sa femme s’aperçoit qu’il a fait un oubli :
« Tu rentres les mains vides ! Aurais-tu oublié
Que de notre dîner tu es le délégué ? »
S’emporte la femelle en grimaces simiesques
Qui n’ont rien, mais non rien, du tout de romanesque.
Kuni s’emporte aussi ; s’ensuit une dispute
Où Kuni prend sa femme, la couche et la culbute.
Car chez les bonobos on est loin d’être bête :
On règle ses problèmes à coups de galipettes.
Un petit coup par-ci, un petit coup par-là,
Et hop ! On fait la nique à tous les embarras.
Des primates ils sont rois de la fornication,
Et en diplomatie, quels donneurs de leçons !
Leurs étreintes ou mamours, leur sexualité,
Sont une alternative à l’agressivité.
L’amour, mais pas la guerre. Quelle philosophie !
Le slogan que naguère entonnaient les hippies.
L’homme saura-t-il un jour ressembler à Kuni
Qui a fait de son cœur le chauffeur de sa vie ?
C’est la question que posent les singes bonobos,
Et cet hymne à l’amour dont ils ont fait credo.

(1) Tirée de faits réels ce n’est pas une fable,
Mais un documentaire à morale indéniable.

(2) Les bonobos construisent des nids, en maisonnée,
Qui signifient pour eux : propriété privée.


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